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ou les Latins voulaient outrager un homme qui fréquentait les filles de joie, ils l’appelaient μοΐχος ou moechus, ce qui ne signifie pas autre chose qu’adultère. Un homme ou une femme qui, sans être engagés d’aucun lien par ailleurs, s’unissaient, fût-ce en public et quelle que fût leur jeunesse, étaient considérés comme ne nuisant à personne et laissés en liberté.

On voit que la vie des Anciens ne saurait être jugée d’après les idées morales qui nous viennent aujourd’hui de Genève.

Pour moi, j’ai écrit ce livre avec la simplicité qu’un Athénien aurait mise à la relation des mêmes aventures. Je souhaite qu’on le lise dans le même esprit.

À juger les Grecs anciens d’après les idées actuellement reçues, pas une seule traduction exacte de leurs plus grands écrivains ne pourrait être laissée aux mains d’un collégien de seconde. Si M. Mounet-Sully jouait son rôle d’Œdipe sans coupures, la police ferait suspendre les représentations. Si M. Leconte de Lisle n’avait pas expurgé Théocrite, par prudence, sa version eût été saisie le jour même de la mise en vente. On tient Aristophane pour exceptionnel ? mais nous possédons des fragments importants de quatorze cent quarante comédies, dues à cent trente-deux autres poètes grecs dont quelques-uns, tels qu’Alexis, Philétaire, Strattis, Euboule, Cratinos, nous ont laissé