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genoux délicats. Un diadème d’argent brillait sous le riche ornement de ses cheveux, dont les uns étaient tressés et coordonnés, les autres retroussés et noués à la Laconienne, avec plus de grâce que d’artifice. Et dans ses yeux, si bruns et si clairs tout ensemble, une telle fierté se laissait voir, qu’elle parut à tous être la princesse de Krête, Ariane, fille de Minos, et petite-fille du Soleil.

Elle fit un signe : Thésée s’approcha. Elle fit un autre signe, les autres s’écartèrent et revinrent un peu sur leurs pas, jusqu’à une trouée de flamme qui venait du plus rouge occident.

Elle, haletante encore et les joues chaudes, sourit en fermant les paupières à demi. Elle étendit les bras, écarta sur les tempes du Héros ses boucles noires trop amassées…

« Tu es beau », dit-elle avec joie. Il se tut.

Elle n’y prit pas garde et poursuivit :

« Ah ! je sais bien que tu vas tuer le Minotaure et que tous les Dieux pèseront sur ta main quand tu fracasseras sur la pierre le mufle farouche et hargneux. Mais comment sortirais-tu de cette inextricable crypte ? Vainqueur et portant à poing haut la tête dégoûtante du Solitaire, tu mourrais dans les avenues closes, entre deux murs toujours les mêmes, et ce que la Force aurait accompli, l’Oubli sourd le laisserait périr. Tu ne sais pas que ce palais est un tourbillon de pierre et que celui