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Elle qui faisait travailler les trois orifices de son corps, elle maudissait la nature pour n’avoir pas percé un trou plus large au bout de chaque sein, afin qu’on pût inventer là des accouplements nouveaux.

Elle fut plusieurs fois enceinte, mais aussitôt, par tous les artifices elle se faisait avorter.

Souvent, au théâtre, devant le peuple entier, elle ôtait ses vêtements et s’avançait nue au milieu de la scène, ne gardant qu’un petit caleçon qui cachait le sexe et le bas-ventre. Ceci même, elle l’aurait volontiers montré au peuple, mais il n’est permis à aucune femme de s’exposer tout à fait (nue) si elle ne porte pas au moins un petit caleçon sur le bas-ventre[1]. Sous cet aspect elle se renversait en arrière et s’étendait sur le plancher. Des garçons de théâtre étaient spécialement chargés de jeter des grains d’orge sur ses parties honteuses, et des oies, qu’on avait dressées à cet office, venaient les prendre là, un à un, dans leurs becs, et les manger. Loin de se lever en rougissant, elle paraissait aimer ce spectacle, et y mettre du zèle.

Elle était tellement impudique qu’elle aimait

  1. Procope (vie siècle ap. J.-C.) est le premier auteur qui fasse mention de ce petit vêtement théâtral, connu aujourd’hui sous un nom plus familier ; il est intéressant de constater qu’il a été innové par la décadence byzantine, bien que ceci ne confirme point les notions historiques et morales de M. Henri Béranger, mon savant confrère.