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sans hésitation aux plus indécentes complaisances.

Tel était le caractère de cette fille, qu’elle se laissait fouetter, gifler, puis faisait des grâces, éclatait de rire, se retroussait et montrait tout nu aux personnes présentes, par devant et par derrière ce qui doit être caché et invisible aux hommes.

Avec ses amants, rieuse et lascive, s’excitant toujours à de nouvelles inventions sexuelles, elle subjuguait les âmes vicieuses sous une invincible domination ; car elle ne tentait point les hommes par les moyens convenables, mais en souriant derrière elle et en tordant sa croupe avec des gestes. Elle dépravait ainsi tous ceux qu’elle rencontrait, même des enfants impubères.

Il n’y eut jamais une femme plus attachée à la jouissance. Souvent, dans les dîners d’amis, elle venait avec une dizaine de jeunes gens, vigoureux, bien découplés et rompus au travail amoureux. Elle couchait avec eux la nuit entière et se donnait à tous. Après cela, quand ils étaient partis, elle allait à leurs esclaves, eussent-ils été trente, et s’accouplait à chacun d’eux. Encore d’une telle orgie ne sortait-elle pas rassasiée.

Un jour elle était allée dîner chez un fonctionnaire. Pendant le festin, paraît-il, tous les convives purent l’examiner à leur aise, car elle se renversa sur le bord d’un lit, releva sa robe devant ceux qui l’entouraient, et, sans s’offusquer le moins du monde, leur montra du doigt son obscénité.