NOTE IV[1].
Comme j’insistais pour savoir s’il travaillait à quelque nouveau chef-d’œuvre, il m’offrit un régal inespéré : la lecture de quelques pages de lui inédites, quelques petites poèmes en prose, analogues aux Chansons de Bilitis, mais modernes ceux-là. Ce sont, comme leurs aînées, de frêles merveilles de grâce et de vie. J’y perçus la lassitude de jeunes danseuses, le trouble de deux amants, qui, du haut d’un balcon, voyant à leurs pieds la mort, rêvent, hésitent, et sur leurs lèvres cueillent la vie. Puis le frisson d’une nuit d’amour.
À ce propos, je vous conterai une toute petite chose.
Le maître lisait lui-même, de sa voix douce et musicale, les petites chansons aux phrases ailées. Deux déjà m’avaient tenue sous leur charme, et la troisième frissonnait entre ses doigts, quand hésitant, il s’arrêta :
« Pas très convenable ! » murmura-t-il. Et comme en digne fille d’Eve je lui assurais qu’elle me con-
- ↑ Récit d’une entrevue publié en avril 1914 par une rédactrice de La Gazette. On y remarquera que P. L. préparait déjà une édition des Chansons Modernes