Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 13.djvu/79

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


                                     II

C’est un lys, une fleur vivante, une corolle
Chaude, et qui respire, et qui palpite, et qui bat.
Ô rougeur que nul midi de feu n’étiole !
C’est la fleur turgescente et jeune qui tomba
Des cheveux de la Nuit sur ta beauté d’Idole.

Sa volupté nocturne a gardé pour les sens
La féminine odeur des corolles sacrées
Et dans l’air où fraîchit la douceur des soirées
Je rêve errer sur elle un bleu brumeux d’encens.

C’est pourquoi de ta fleur de chair endolorie
Je veux faire un lys froid comme une pierrerie,
Pourpre comme la lune à l’horizon naissant

Calice de rubis comme une fleur d’étoile
Chair de vierge fouettée avec des flots de sang

Ta bouche rouge et blanche et toute liliale.