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Kypris Aphrodité qui veut des sourires
Palpitait doucement dans nos seins voilés
Et mêlait sa caresse aux cris affolés
    De nos grandes lyres.

Maintenant, tout est mort ! J’ai fini d’aimer !
Quand je quittai Lesbos, de honte indignée,
Quand j’avais soif d’amour, on m’a dédaignée :
    Mer, viens me calmer !

J’ai fait sauter du poing les fils de ma lyre
Pour ne plus chanter d’autre amour que le sien.
Mer ! je reviens vers toi comme au temps ancien,
    Finis mon martyre.

Si je ne peux plus voir les yeux adorés,
Si j’ai fini d’aimer, j’ai fini de vivre.
Viens rouler sur mon corps, ô mer toujours ivre,
    Tes flots effarés !

Viens rouler sur mon corps, ô30 octobre 1889.