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LES HAMADRYADES



                                        I

Elles marchent dans l’herbe et boivent aux ruisseaux,
Celles qu’un destin clair fit nymphes des prairies.
D’autres, essaim lucide, âmes des eaux fleuries,
Nagent sous nos cent bras croisés en noirs arceaux.

Nous, des arbres plaintifs gardiennes enchaînées,
Nudités en péril du jour insidieux,
Nous dressons dans le vent du matin, vers les dieux,
Nos mains vertes, de pluie et de fraîcheur baignées.

Maître des foudres, Dzeus sauveur, te verrons-nous
Frapper l’arbre mortel qui ferme nos genoux
Et livrer la terre ivre à nos jambes écloses ?