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SONNET



Étrangère ! Fatale enfant ! Espoir des fées !
Le geste de ta main où luit la fleur d’Endor
Destine les héros à la gloire ou la mort
Et les voue au travail des bêtes étouffées.

C’est par toi que de sang se payent les trophées
Et se crispe la chair sous la dent qui la mord,
Et qu’au bois noir où l’arc de frêne vibre encor
Une odeur de tuerie éclate par bouffées.

Si le pied triomphal parmi l’ache ou la flouve
Foule hors de l’antre un crin de laie ou de louve,
Le cri de l’oliphant, qui vocifère au soir

L’angoisse de rubis dont s’orne l’âpre corne,
Du fond du passé fabuleux t’appelle à voir
La hure bestiale au poing du tueur morne.