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raissent de nouveau, sous la même auréole. Elles rappellent à Cendrelune sa prière du matin, sa communion, sa première victoire contre la tentation, et lui font espérer, en échange du bonheur qui l’attend, les joies incomparables du Paradis. Cendrelune s’arrête indécise, tandis que l’apparition s’efface. (Pendant cette scène, Perséphone, par trois fois, à l’entrée du parc, appelle la Dame Verte).


Scène V

Une branche chargée de fleurs rouges s’élève et découvre la Dame Verte, debout au bord de l’eau. Elle parle, et Cendrelune peu à peu s’approche d’elle. Elle, lui dit que ce lieu est le seul Paradis ; dès l’instant où elle y sera entrée, Cendrelune deviendra immortelle ; mais pour en être digne, il faut tout oublier, et la Dame Verte exige de Cendrelune cette parole : « Je t’aime comme ma mère et plus que ma mère. » Cendrelune éclate en sanglots et refuse. Elle était si petite quand sa mère est morte, qu’elle ne se rappelle plus son visage ; elle se rappelle seulement qu’elle l’aimait plus que tout ; un Paradis où elle n’est pas ne peut être le vrai Paradis… « Le soir, ma mère se penchait sur mon lit, elle me berçait, elle chantait. » Alors la Dame Verte se penche vers Cendrelune et chante très doucement une chanson que l’enfant, tremblante