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Ni la stèle pesante et ni les lois funèbres
N’enfermeront son âme en allée aux ténèbres.
Dans le bruit du triomphe et des glaives heurtés,
On creusera la tombe ; aux champs ensanglantés,
Les vierges sans pleurer conteront l’étrangère,
Aux lieux où l’on vainquit la terre est plus légère
Et les roses croîtront dans le sang bien versé.
Hélas ! dans nul combat nulle arme n’a percé
Le sein de celle-ci qui n’est plus. Pleurez toutes,
Femmes ! car on verra passer le long des routes
Les palmes vertes et les rameaux d’olivier.
Allez ! Allez partout redire et publier
Que Sphione, Sphione, amante et sœur chérie,
D’asphodèles ce soir et de crocos fleurie
Avec la triste flûte et les torches de bois
Sortira du palais pour la dernière fois.

le chœur

Sphione ? que dis-tu ? je crains de mal entendre…

britomartis

Hélas ! ô chères mains ! voix languissante et tendre !

le chœur

Sphione n’est pas morte ; ou quels maux inconnus ?

britomartis

Ô ses réveils chantants, ses regards ! ses pieds nus !