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corne d’Abondance haute de quatorze mètres ; puis quatre cents chariots portant des plats d’or, et huit cents portant des parfums.

Le long de ce cortège, la haie fut faite par cinquante-sept mille six cents fantassins, et par vingt-trois mille deux cents cavaliers : en tout, plus de quatre-vingt mille hommes.

Telle fut donc cette fête antique. Si nous en connaissons les détails, nous savons aussi le prix qu’elle coûta. Bien que la plupart des richesses qui y furent montrées au peuple eussent été données par les pays tributaires ou par les nations alliées, le roi paya néanmoins pour l’organisation du cortège et la décoration générale, quatre-vingt-un mille kilogrammes d’argent, somme qui, en tenant compte de la dépréciation du métal[1], équivaut à quatre cents millions de notre monnaie.



Je ne pense pas que la fête d’aujourd’hui grève le budget d’une pareille somme. À côté de cet amoncellement d’or, nos fleurs en papier, nos globes de gaz et nos treillages de bois vert sont d’un luxe moins véritable. Sans atteindre, même de loin, le faste des fêtes antiques, peut-être pourrait-on laisser à ceux qui dirigent les

  1. Au 1/25e.