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et le plus éclairé des souverains de l’antiquité, par Ptolémée Philadelphe, celui-là même qui fit traduire la Bible par les Septante, et qui attira dans sa capitale tout ce que le monde comptait d’artistes, de philosophes, de poètes et de savants.

Le pavillon d’où partit le défilé triomphal, et où le banquet fut servi, était assez grand pour contenir cent trente lits de table rangés en cercle. Quatorze colonnes de bois, hautes de vingt-trois mètres, tendaient au-dessus de la salle un ciel d’étoffe écarlate ; quatre de ces colonnes simulaient des palmiers ; les autres étaient sculptées en thyrses. On avait suspendu, dans les intervalles, des peaux de monstrueux fauves ; cent animaux de marbre soutenaient les piliers. — Au-dessus, des boucliers d’or, des tissus à sujets, des tableaux de grands peintres se succédaient ornementalement, parfois embrumés par les parfums qui brûlaient dans les trépieds d’or, tandis que la voûte semblait borner le vol de huit aigles d’or hauts de sept mètres. Les cent trente lits étaient d’or, couverts de tapis de Perse et d’étoles de pourpre.

La vaisselle et les vases étaient d’or comme le reste, et, dit l’historien, enrichis de pierreries d’un travail admirable. Autour du pavillon qu’on avait entièrement jonché de fleurs rares, une forêt d’arbres plantés en une nuit rafraîchissait la terre d’une ombre continue.

Après la Bannière de l’Étoile, celles des Rois