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UNE FÊTE À ALEXANDRIE


La fête au milieu de laquelle se déroulera dans quelques heures le triomphe d’un souverain oriental[1] est, dit-on, la plus somptueuse que Paris se soit donnée depuis quatre-vingt-dix ans. Celles même de 1867 et de 1889 n’avaient pas à ce point inondé ses rues de fleurs, d’étoffes, de clartés en guirlande et d’architectures éphémères, toutes choses qui enchantent le grand enfant populaire et déplaisent aux parcimonieux.

Il est clair que mous manquons de points de comparaison. De siècle en siècle, le sens des fêtes se perd chez les nations modernes. On suppute le prix d’une colonne, on marchande l’épaisseur des dorures, bientôt, il ne sera plus permis d’allumer une rampe au fronton de l’Élysée sans entendre crier quelque part qu’un mètre de gaz coûte vingt centimes, et que vingt centimes donnés à un pauvre eussent été de meilleur emploi.

  1. 6 Octobre 1896.