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firmer son opinion, il a voulu en avoir le cœur net : il a commencé des fouilles.

C’était là qu’on l’attendait. Du côté de l’École française, on ne croyait guère à sa réussite. M. Reinach n’affirmait rien. M. Victor Bérard niait absolument. M. Migeon exprimait son scepticisme d’une façon presque irrévérencieuse. Jusqu’ici, les résultats des travaux semblent leur donner raison, car on n’a rien trouvé du tout, pas plus à Leucade qu’à Ithaque, et M. Dœrpfeld revient les mains vides de sa première tentative.

Aussitôt, chacun l’abandonne, même ses collaborateurs et ses partisans du début, et, lorsqu’il émet l’hypothèse que le palais du roi Ulysse pouvait bien être construit en bois et n’avoir laissé aucune trace, on pense généralement que c’est là une façon spirituelle de se tirer d’affaire. Néanmoins, la question a intéressé quelques riches amateurs qui font les frais des travaux. M. Dœrpfeld à Leucade et M. Preuner à Ithaque vont reprendre cet hiver des recherches concurrentes, et nous saurons peut-être bientôt dans quelle île encore mystérieuse Pénélope espéra dix ans, fidèle et seule, le retour de celui que retenait Calypso[1].

  1. Les fouilles ont été poursuivies jusqu’à la fin de 1903, sans résultat. M. Dœrpfeld vient de publier qu’il renonçait à son entreprise.