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de Genesve ». Jamais le culte de la Grèce n’avait été plus enthousiaste. Aux représentations de Jodelle on couronnait des boucs tragiques. En répondant aux calviniste, Ronsard invoquait Apollon. Même la concubine royale portait le nom d’une déesse : les flèches et le croissant d’Artémis étaient les armes de Fontainebleau. On lutta ; et le plus zélé dans cette guerre pour la bonne cause ce fut aussi le plus charmant de nos rois, ce Charles IX, doublement admirable pour avoir honoré Ronsard et pour avoir fait la Saint-Barthélemy.


L’invasion de la laideur fut pourtant victorieuse ; car ceux-là mêmes qui la repoussaient subirent son influence émasculatrice, s’ils n’allèrent pas jusqu’à l’idéal du nouveau culte réformé : les quatre murs nus d’un temple, et le néant.

Alors on ne vit plus de prêtres comme Rabelais, plus de papes comme Léon X ; la grande lumière religieuse qui éclairait tous les arts et toutes les littératures sombra sous le brouillard luthérien. Entre les artistes et les prêtres, un sillon se creusa pour la première fois depuis l’origine du monde, et ce sillon est devenu gouffre.

Cependant les deux églises rivalisent d’ardeur à suivre l’enseignement de saint Paul, à rejeter l’amour sur le tas des crimes, à cacher tous les