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des barbares. La résurrection du dieu d’Eleusis et la communion des initiés se fêtaient annuellement avec la même pompe et les mêmes cérémonies pour Jésus que pour Dionysos. On donnait à Marie tous les noms d’Aphrodite : Dame du Bon-Secours, Immaculée, Vierge et Mère, Étoile du Matin. Le Paradis se peuplait d’immortels canonisés. Le « Panthéon » revivait dans la « Toussaint ». Un art d’essence toute païenne florissait autour des papes. Raphaël donnait à Galathée la même bouche qu’à la Madone. Car la voix de saint Paul avait cessé de dominer la voix du Christ, et les fleurs de saint François étaient encore embaumées.

Il en fut ainsi jusqu’au jour où un moine de Thuringe, exalté par les Epîtres, vint combattre pour la seconde fois au nom de la morale biblique l’antique beauté qui d’Athènes avait repris racine à Florence. Il haïssait. Il détruisait. Il avait quelque grandeur, tant la religion qu’il enseignait dépassait en invraisemblance et en étroitesse toutes celles qui l’avaient précédée. Aucune ne fut plus éloignée de la parole évangélique. Et ce fut — et c’est encore — le hideux protestantisme.

On lutta. Nous avions aussi, nous, en France, une résurrection des arts et des lettres ! Il faut lire, à cette époque, quelle indignation souleva la Pléiade et la lettre que son chef écrivit « à je ne sçay quels predicantereaux et ministreaux