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Ayez au moins quelque logique ! Si la forme humaine est honteuse, bannissez-la de vos musées, de vos monuments et de vos avenues ; mais si vous comprenez à quel point elle est pure, alors laissez-la briller ! montrez-la telle qu’elle est, plus belle qu’aucun ne l’a jamais faite, avec ses couleurs mouvantes, son relief changeant, son expression, sa vie… Jour de lumière, comme nous t’espérons ! où, non pas dans la grise clarté sale de Paris, mais devant la Méditerranée antique, à Marseille, Alger, Bône, Carthage, de spacieux hémicycles blancs, tournés vers le rideau bleu profond de la mer, accueilleront les cortèges qui enivrèrent Corinthe…

Mais non : la nudité est un objet de scandale.



L’amour aussi.

Oui, l’acte grave entre tous, auquel nous devons d’exister, l’acte qui relie la mère à l’enfant, l’acte par lequel nous participons au mystère universel de la succession des êtres et créons la vie sans la comprendre, l’acte héréditaire qui, de génération en génération, recule notre origine et notre descendance jusqu’à l’infini du futur et du passé, cet acte-là est une turpitude qu’un romancier ne doit point décrire.

Oh ! la loi nous permet tout le reste. On vole,