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puis bien citer ce couplet puisqu’il a été lu un jour en pleine Chambre des Députés[1] :


L’Amour, c’est un érysipèle,
Quand ça démange, il faut s’gratter.
C’est comme le chien de Jean d’Nivelle
Qui se sauv’ quand on veut l’app’ler
Çà vous fait l’effet d’un clystère,
Çà fait du mal et puis du bien.
Pour s’en guérir, y a rien à faire,
Çà vous tient bien quand ça vous tient.
Oh ! oui ! l’amour est un clystère.


Voilà. — C’est l’auteur de ces vers qui est chargé d’expurger Edmond de Goncourt et de surveiller Paul Hervieu, lequel ne saurait faire jouer une pièce sans la soumettre au préalable à ce juge.

Le couplet que je viens de copier a reçu le visa de la Censure. Parbleu ! Anastasie avait eu pour lui toutes les indulgences d’Oronte. Cette poésie était signée d’elle. — Et dès lors, comment les sympathies de la vieille dame n’iraient-elles pas tout droit à ses confrères les plus proches, ou, pour mieux dire, à ses maîtres ?

Réformer cela ? Changer les hommes ? Il est inutile d’y songer. Ceux-là valent leurs prédéces-

  1. Journal Officiel. Chambre. — Séance du 25 Mai 1901, p. 1.115.