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œuvres complètes de Ronsard, le graveur du frontispice, Léonard Gautier, burine sous le buste du poète une grande Naïade debout, dont l’exacte nudité ne sera couverte que, plus tard, par une retouche dont il faut retenir la date : 1623. C’est la date du Procès des Satyriques. — Pendant deux siècles, les graveurs vont protester contre une rigueur nouvelle qui trouble évidemment leurs traditions particulières. Certains vendront sous le manteau leurs estampes nues, plutôt que de les altérer. D’autres tireront pour eux et pour leurs amis un état découvert de chaque planche, un état « avant la draperie », selon la coutume du xviiie siècle. Mais la rigueur ne se relâcha point, et elle n’a pas encore disparu après deux cent quatre-vingts ans. « 1623 » est une date de démarcation très nette entre la liberté du nu féminin et sa contrainte.


Il est donc bien établi que jusqu’au règne de Louis XIII il a été licite en France de peindre l’homme et la femme avec une égale exactitude ; et que depuis cette époque la représentation de l’un des deux sexes est interdite, tandis que celle du second demeure autorisée. — De raison à cet arbitraire, on n’en donne pas, il n’en existe aucune. C’est ainsi, voilà tout.

D’ailleurs, on se garde bien de créer au Louvre un musée secret pour les Baigneuses de la Galerie