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puis, au xvie siècle, les faïences décorées, les estampes de toutes sortes et de tous pays, certaines statuettes et peintures témoignent de la même liberté[1]. La Renaissance allemande, loin de réagir, pose cette tolérance en principe. Dürer l’applique dans son enseignement[2]. Son ami, Peter Vischer, sculpte une Vénus qui est toujours exposée en Allemagne et qui devance de deux siècles « l’innovation » de Houdon. Nous exposons nous-mêmes au Louvre une Pandore, une Maternité qui appartiennent à la même école, et qui, pour être sexuées, ne sont nullement licencieuses.

Un art entre tous gardait le privilège de la sincérité dans le détail des figures nues : la gravure. On peut affirmer que depuis l’invention de l’estampe jusqu’au xixe siècle la majorité des graveurs fut hostile à toute suppression. Le chef-d’œuvre de l’invention décorative sous le règne de Fontainebleau, le Livre de la Conqueste de la Toison d’Or, par René Boyvin et Léonard Thiry, pourrait illustrer le sujet à toutes ses pages, s’il en était besoin. Encore, en 1609 et en 1617, lorsqu’il s’agit d’élever à la poésie française un monument définitif, en publiant les

  1. Les exemples sont si nombreux qu’on ne saurait les énumérer.
  2. Les Quatre Livres d’Albert Dürer, Arnheim, 1613, ff. 50, 58, 63, 65 Ve, 115, etc., etc.