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logie de la vie contemporaine, et nettement opposé au précédent.

Cette tradition, certains ont cru pouvoir en fixer l’origine chez les Grecs, de qui notre art descend et s’inspire. Rares, il est vrai, sont les Aphrodites sexuées : cela tient d’abord à ce que les Grecs représentaient volontiers la déesse dans une attitude naturellement chaste, qui dissimulait la difficulté par un certain recul et une inclinaison ; mais il s’en faut que la règle ait été générale, comme le croyait Quatremère de Quincy, et qu’une Aphrodite au corps droit soit toujours incomplètement femme. Jamais les Athéniens n’ont légiféré sur cette question. Les Lacédémoniens eux-mêmes se permettaient d’être exacts : on conserve au musée de Sparte, dans la salle de gauche, près de la porte, une figure de grandeur naturelle qui en est un bel exemple[1]. Ailleurs, une statue de premier ordre et de la meilleure époque grecque, dont nous possédons une excellente réplique alexandrine — la femme nue vulgairement appelée la Vénus de l’Esquilin — suffirait de nos jours à disculper Houdon. Sa vérité anatomique est exacte.

Et combien de statues analogues ont été brisées au marteau par le vandalisme chrétien ! Si les Vénus pudiques étaient décapitées, que ne fai-

  1. Athenische Mittherlungen, t. X (1885), p. 6.