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seignement à l’étranger voient dans l’étude du français un double avantage : une littérature ancienne utile à connaître, une langue moderne utile à parler. Le jour où ils seront forcés de faire choix entre l’une et l’autre, ils trouveront facilement ailleurs en Europe cette double qualité que nous aurons perdue à leurs yeux. Nulle part, est-il besoin de le dire, on n’enseignera les deux orthographes, celle de Voltaire et celle de M. Meyer. Ce jour-là, ce sera la fin de notre expansion intellectuelle.

Et pourquoi risque-t-on une si grosse partie ? Dans quel but ? Quel est le dessein des initiateurs ?

La réponse est écrite en tête du rapport : « Direction de l’Enseignement primaire. »

Si la Commission ne craint pas de jeter ce trouble irréparable dans les développements de la pensée française, c’est pour qu’en rentrant chez lui, après avoir conduit son école au certificat d’études, l’instituteur puisse s’écrier : « Tous mes élèves ont fait leur dictée sans faute ! » Il n’y a pas d’autre motif sérieux. C’est afin d’améliorer l’orthographe des écoliers qu’on se propose de rendre inintelligible pour eux tout ce qui a été imprimé jusqu’à notre époque. — Mais supprimez donc la dictée de ces bambins ! Qui protesterait ? Nous ? certainement non. Eux ? — Les instituteurs restent seuls à conserver aujourd’hui la superstition de la dictée correcte. Cette question