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notre Code civil a été limité par des précautions vaines, puisque les codes voisins, plus libres, ont permis en même temps une croissance nationale et une activité universelle que nous n’avons pu dépasser.

Or, aux États-Unis et en Écosse, les libertés du mariage sont telles qu’on ne pourrait les rêver plus grandes. Un homme et une femme échangent leur serment devant un témoin, quel que soit ce témoin, et la loi les regarde comme mariés.

Selon la volonté des parties, le mariage est laïc ou religieux, civil ou familial, clandestin ou public : il est toujours valable. Il est toujours légitime.

Aucune pièce n’est exigée. Aucune preuve écrite du mariage ne le sera plus tard. La parole du témoin suffit ; et, si ce témoin est mort, la parole des époux.

D’ailleurs, toutes les garanties civiles peuvent être données aux conjoints, mais seulement sur leur demande et dans la limite de leurs désirs.

Un mariage secret, immédiat, gratuit et sans entraves, — le mariage de Roméo et de Juliette, — est considéré comme inattaquable, d’Édimbourg à San-Francisco, et on ne nous dit pas que la solidité du lien familial en soit compromise, ni qu’Aberdeen croupisse dans l’anarchie, ni que l’abomination de la désolation soit l’état moral de Louisville (Kentucky).