Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 11.djvu/116

Cette page a été validée par deux contributeurs.

On admettra qu’une nation vit par le nombre de ses nationaux plutôt que par l’équilibre de ses coutumes : c’est une pépinière, ce n’est pas un édifice. On saura qu’il vaut mieux pour elle créer des fils bâtards que de mourir stérile. On proclamera que nul, pas même l’État, pas même un père, n’a le droit de séparer deux êtres jeunes et sains lorsqu’ils ont exprimé la volonté de s’unir.

Si j’ose prévoir (et souhaiter) les mesures qu’on adoptera un jour dans cet esprit de justice et de liberté féconde, j’imagine qu’elles sont contenues dans les propositions du programme suivant :

I. — Combattre par l’enseignement moral l’opinion abominable qui représente la maternité comme pouvant être, dans une circonstance quelconque, une faute contre l’honneur, un état illégitime et infamant.

Il. — Garantir pendant le temps de la grossesse et trois mois après l’accouchement les ouvrières et les servantes à gages contre toute possibilité de renvoi, à moins de faits délictueux ou criminels dûment constatés.

III. — Décréter que le certificat de bonne vie et mœurs, dans le sens où l’on entend généralement cette expression, ne pourra être en aucun cas exigé à côté de l’extrait du casier judiciaire qui est déclaré suffisant.

IV. — Créer, sur toute l’étendue du territoire,