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renvoi, aucune misère ? Elles avaient rêvé le mariage ; on ne le leur a pas accordé ; elles vous donnent des fils quand même et le jour où elles sollicitent une modeste place dans un bureau de poste, vous les refusez sans examen ?

On me dit encore : « Nous donnons des privilèges au mariage, dans l’intérêt même de la natalité, parce que la famille organisée est le milieu le plus favorable aux naissances nombreuses. » C’est une erreur absolue. Le chiffre des naissances est en raison directe du degré de promiscuité : très faible dans les ménages bourgeois, très élevé dans les quartiers pauvres, et considérable chez les vagabonds. Loin de favoriser la conception des femmes, le mariage n’est souvent qu’une école mutuelle de stérilité volontaire. Mais j’admets que cette école soit en même temps une occasion quotidienne d’heureuses méprises, fût-ce au besoin par l’adultère furtif qui nous donne une bonne part des naissances légitimes. J’admets aussi qu’on puisse trouver d’autres raisons sociales de conseiller l’union régulière, bien que, sur ce point même, il y ait beaucoup à dire. — Vous souhaitez que les jeunes gens se marient ?

Pourquoi faites-vous tout ce qu’il faut pour qu’ils ne se marient pas ?

Avant d’établir un impôt sur le célibat, on pourrait commencer par supprimer l’impôt sur le mariage : tous les frais d’actes, de timbre,