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qu’aux branches d’argent tes cheveux roux se mêlent…
    Aux ombres du village la rivière se peigne
    … Une petite main pâle fleurit à la serrure…
    … Sept arbrisseaux aux lèvres de délice …
    … Le corps et les cheveux écarlates et roux comme trempés au feu du sable de la plaine, et sur leurs bras couraient des fleuves verts comme la verte mer…
    … Des fleurs, des fleurs, les rougeurs de ton corps, des feuilles, des ailes frissonnent de toi-même


Toutes ces phrases sont fort belles. On y sent passer ce grand souffle universel qui s’est levé dans le Satyre et qui n’a touché depuis que peu de fronts humains. Ainsi Victor Hugo, par une prodigieuse synthèse, unissait en trois vers la lumière de la lune et la peau de la femme, le grandissement de l’ombre et le « rut religieux » :


Farouche nudité de la Diane sombre
Qui de loin apparue et vue à travers l’ombre
Fait croître au fond des rocs des arbres monstrueux !
Ô Forêt !


Le talent de M. Paul Fort est de ceux dont on peut tout attendre. Je n’ai pas dit assez, dans ce trop court article, à quel point il est varié, fécond, riche d’idées et d’images. J’ai, à l’égard de ses œuvres futures, l’impatience qu’aurait un personnage de Scheherazade devant la porte fermée par où sortiront, une à une, les douze sœurs de la Dame de beauté.

Si j’étais plus sûr de mon goût, je lui demande-