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heure de faiblesse, dix ans. Mais relisez dès maintenant ces vers qui sont tous couronnés du nimbe, qui tous ont embrassé le martyre comme une joie et qui feront pleurer tous les yeux dignes de lire.

                                                            … Vos immortels !
J’ai profané leur temple et brisé leurs autels[1]
          Je le ferais encor si j’avais à le faire.
Même aux yeux de Félix. Même aux yeux de Sévère.
Même aux yeux du-Sénat[2]. Aux yeux de l’Empereur.
— Adore-les, ou meure !
— Adore-les, ou meure ! — Je suis chrétien.
— Adore-les, ou meure ! — Je suis chrétien. — Impie !
Adore-les, te dis-je ! ou renonce à la vie.
— Je suis chrétien.

Le poète ne salue que la noblesse des mots. Pour un poète qui n’a plus d’égal, c’est un beau nom de fiancée que Marie de l’Empérière. Pour une grande âme qui ne craint ni la mort ni le tyran — qui ne daigne pas lire les Sentiments de Richelieu sur le Cid mais répond au premier mot par la malédiction de la ville cardinalice, lance anathème contre Rome, — Rome ! l’unique objet de son Ressentiment, — et dédie cette page immortelle, avec une audace tranquille, au cardinal tout puissant, quel beau nom gibelin que Marie de l’Empérière !

  1. Vers de provocation. La paroisse de Corneille, Saint-Sauveur, avait été pillée par les huguenots qui en brisèrent les autels.
  2. Le Parlement de Rouen.