Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 10.djvu/33

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ce manteau se rend si traitable
Qu’il est le tapis de la table
Qui ne servit onc à manger.
Une chose le réconforte
C’est que jamais on ne le porte
Aux batailles ny au danger.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .


Je ne cite que la moitié du poème. Ce manteau eut un succès fou, parce que tout le monde le reconnaissait pour le sien. Sygognes avait pu prendre pour titre, sans ironie. Le Manteau de Cour. Henri IV ayant été contraint d’acheter toutes les provinces de France aux gouverneurs qui les détenaient, n’avait plus d’argent pour ses courtisans, et la sympathie célèbre qu’inspirait son caractère ne lui assurait heureusement que des amis désintéressée. C’est, entre parenthèses, ce qui disculpe aisément Sygognes des accusations portées contre lui par des victimes probables de sa langue méchante. Quoi qu’il en soit, Sygognes avait mis le sujet à la mode et l’on vit, paraît-il, dans le même rythme, dans le même esprit, sur le même plan, Le haut-de-chausses d’un courtisan, le Chapeau d’un Courtisan, l’Inventaire, le Bas de Soye, l’Épée d’un Courtisan : toute la garde-robe y passa. Sygognes était plagié, donc il était illustre.

Ce fut alors que les éditeurs demandèrent à M. de Sygognes ce qu’il avait dans ses cartons ;