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ÉPITRE AU PRINCE BORIS CURNONSKY


Curnonsky, la saison ressemble à ton visage.
Un radieux été repeint son paysage
Sur ta mine éclatante au chef couronné d’or.
Iris dit : Floréal. Tu réponds : Thermidor !
Et la bière écumante au gouffre de ta gorge
Résurgit de ton front en chevelure d’orge.
Quel que soit l’instant vague où sur le boulevard
Ton sourire altéré comme un papier buvard
S’amuse à voir bleuir une vitreuse absinthe,
Ô Curnonsky, ta joue est une vierge enceinte
Ton geste est plantureux, tes flancs sont fortunés,
Et l’équestre lorgnon chevauche ton nez
À l’air de se hausser pour mieux voir la Campagne
Ainsi qu’un moissonneur monté sur sa compagne.


SUR UNE COMÉDIENNE


L’actrice qu’on voulut choisir
Pour le doux rôle d’Andromède
Passait pour prendre son plaisir
Par où l’on prend plutôt remède.
Et l’on chuchota que, rêvant
De parcourir double carrière
Cette Andromède par devant
Fut Persée aussi par derrière.