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mais qui n’ont pas acquis la réputation d’être sages ni réservés à l’égard des filles de chambre.

La fin de cette histoire ne se devine que trop. Hipolita fut envoyée à la torture, puis au bûcher (j’omets les détails du supplice) et le singe périt avec la jeune fille selon la loi du Lévitique : « Si une femme s’approche d’une bête pour se prostituer à elle, vous tuerez la femme et la bête. » (XX. 16). Sentence exécutée « le 11 d’Aoust dernier » dit le récit. Il est fâcheux que les éditeurs aient omis de dater la pièce.

Pendant le procès, Hipolita confessa qu’elle avait péché, « s’induisant en toutes sortes de lubricité à l’animal, lequel y estant accoutumé, ne manquoit point à la carresser aussi tost qu’il l’apercevoit. Cecy dura l’espace de quelques vingt mois. » Elle s’accusa même d’avoir « provoqué » le singe et de s’être unie charnellement à lui nombre de fois et comme elle protesta toujours qu’elle n’avait pas d’autre amant, tout le monde fut d’accord, même la mère, pour attribuer la paternité au cynocéphale.

Cette hypothèse n’avait rien qui pût étonner les juges de son temps. Le procès était de sorcellerie et les démonographes affirmaient que par l’œuvre du diable, les amours entre hommes et bêtes pouvaient devenir fécondes. Sans parler du Malleus Maleficarum qui avait quelque peu vieilli, l’autorité la plus récente en matière