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Senamy. » Suivent un petit avis « Au Lecteur » et un « Sonnet à sa Philline ».

Philine, de vos yeux naist ce livre d’amour.

Ce livre naquit donc des yeux de Philline et vraisemblablement aussi des libéralités de M. de Senamy. Le célèbre financier prêtait de l’argent à l’État lui-même. Selon les singulières habitudes du temps, il dut acheter la dédicace qui fut offerte à sa femme et ce fut peut-être ainsi que Baptiste Bugnet obtint ce qu’il lui fallait pour fuir avec sa Philline.

Le titre manque un peu de simplicité. Mais la doctrine de l’ouvrage est d’une claire philosophie.

Toute chose désire son bien. L’on ne peut désirer sans aimer.

Toute chose est donc amoureuse. Celuy est bien aveugle qui ne le void (f° 5).

Cependant, de ce que l’amour est universel, peut-on déduire qu’il soit beau et bon ? L’auteur va le prouver par d’autres moyens : « L’Amour n’est point Amour s’il ne se transforme dans l’aymé ». Donc, il est beau « puisque c’est un désir « de jouyr de Beauté. » Cela est bien dit « Que s’il est beau, il est bon, car beauté et bonté furent jadis au ciel mariées ensemble par le grand Jupiter… Or puisque l’Amour est beau et bon, il est germain et alié de vertu. Mais non, je dis trop peu, il est la vertu mesme (f° 12, 13).