Et maintenant il n’est plus à toi, il a fait de Gorgona sa maîtresse ?
Oui, ô Thaïs, et la chose m’a terriblement frappée.
C’est méchant, Glykerion, mais ce n’est pas imprévu ; ces choses arrivent chez nous les hétaïres. Il ne faut pas te faire de peine ni dire de mal de Gorgona. Abrotonon n’a pas dit de mal de toi dans la même circonstance, et pourtant vous étiez amies. — Mais je me demande ce qu’il lui trouve de bien, ce soldat-là, à moins d’être complètement aveugle, pour ne pas voir comme elle a les cheveux rares et comme ils sont loin du front ; ses lèvres sont livides, cadavéreuses, son cou est grêle ; ses veines ressortent ; son nez est long. Elle n’a qu’une chose, c’est qu’elle est grande et droite ; et puis son sourire est, très attirant.
Tu crois donc, Thaïs, que c’est pour sa beauté que l’Acarnane l’aime ? Tu ne sais pas que la sor-