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léontichos

C’est bien de m’avoir rappelé ce combat extraordinaire. Ce Satrape était gigantesque ; on le disait merveilleux tireur d’épée ; il tenait les Grecs en mépris. Il s’avança entre les deux armées et cria : « Quelqu’un veut-il combattre seul contre moi ? » — Tous furent saisis d’effroi, les lochagues, les taxiarques, et même notre hégémon qui pourtant n’est pas un lâche : car c’était Aristaichmos l’Aitôle qui nous commandait, et il est admirable à lancer le javelot. Moi je n’étais encore que chiliarque[1]. Par un coup d’audace, et repoussant mes amis qui me prenaient dans leurs bras (car ils craignaient pour moi en voyant ce barbare étincelant de ses armes dorées, et énorme, avec son effrayant panache et son javelot brandi)…

chênidas

Moi aussi j’avais peur pour toi, ô Léontichos. Tu sais comme je te retenais, en te suppliant de ne pas affronter le danger pour nous. La vie me serait impossible si tu étais mort.

léontichos

Mais moi, par un coup d’audace je m’avance au milieu, non pas moins bien armé que le Paphlagonien, mais tout en or comme lui, de sorte qu’un cri s’éleva chez les nôtres et chez les barbares, car ils

  1. Commandant de mille hommes.