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le poète (V. 160) reproche à sa maîtresse de lui préférer un rival juif ».

Voilà qui est inattendu ! Si M. Théodore Reinach (ce que je suis loin de penser) avait une amie, fermerait-il les yeux sur ses infidélités, si elle ne se montrait aimable que pour ses coreligionnaires ? Pour moi, je suis né catholique mais je serais fort mécontent que ma maîtresse (si j’en avais une) me quittât pour un bigot. Et Méléagre ne dit pas autre chose dans l’épigramme V. 160.

D’ailleurs, il y a des preuves de ce judaïsme que M. Reinach conteste. Méléagre le déclare formellement dans les épigrammes VII, 417 et 418. S’il doute, M. Reinach peut les relire.

J’ajouterai qu’il aurait pu commencer par là. Sans avoir une érudition comparable à celle de son frère aîné, M. Théodore Reinach est néanmoins fort instruit dans le sens où les professeurs entendent ce mot. Il est rédacteur à la Revue Critique, il s’est donné le luxe de reprendre et de morigéner Ernest Renan, il a publié une compilation sur Mithridate ; ce sont là des titres.

C’est pourquoi je ne lui ai pas répondu dans Le Temps, où, contre un mandarin à bouton de cristal, un simple lettré ne prévaudrait point.



II


M. Théodore Reinach a, lui aussi, fait une traduction. Et il n’est pas inutile d’en noter ici le souvenir, car c’est une œuvre assez oubliée.

Or, qui pensez-vous qu’il ait traduit ? Calpurnius peut-