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LXXXVI

NIOBA


Tantalide enfant, Nioba, entends ma voix, messagère de malheur, * reçois de tes douleurs le plus lamentable récit.


Délie le bandeau de ta chevelure. Iô ! c’est pour les flèches lourdes de deuil de Phoïbos * que tu as enfanté une race d’enfants mâles.


Tes enfants ne sont plus à toi ! Mais quoi encore ? Que vois-je ? * Aïe ! aïe ! voici que déborde sur les vierges le meurtre.


Celle-ci aux genoux de sa mère, celle-ci dans son giron * tombe, celle-ci à terre, celle-ci dans ses mamelles.


Une autre s’effraye du trait par devant ; celle-ci à cause des flèches * se blottit. L’œil survivant d’une autre encore vers la lumière regarde.


Et celle-là qui aimait jadis sa bouche bavarde, maintenant sous l’effroi * la mère vivante s’est pétrifiée.