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en arrivant par le golfe torride, il fallait la gravir et elle nous réservait tout son inconnu. Nous venons d’en redescendre maintenant, après y avoir fait une chevauchée de quatre cents lieues, à travers tant de montagnes, de ravins, de fondrières : elle va s’éloigner dans le lointain terrestre et dans le passé des souvenirs. De tout ce que nous y avons vu d’étrange pour nos yeux, ceci nous restera le plus longtemps : une ville en ruines qui est là-haut, dans une oasis de fleurs blanches ; une ville de terre et d’émail bleu, qui tombe en poussière sous ses platanes de trois cents ans ; des palais de mosaïques et d’exquises faïences, qui s’émiettent sans recours, au bruit endormeur d’innombrables petits ruisseaux clairs, au chant continuel des muezzins et des oiseaux ; — entre de hautes murailles émaillées, certain vieux jardin empli d’églantines et de roses, qui a des portes d’argent ciselé, de pâle vermeil ; — enfin tout cet Ispahan de lumière et de mort, baigné dans l’atmosphère diaphane des sommets…

FIN