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sait de quoi, et is tiennent À être rentrés avant la fin du jour dans leur pelit hameau, dertière leuts muts en {crre, cependant crevés de toutes parls. Danc, nous reviendrons demain, el pour cette fois il faut partir, à 1a suite des chèvres qui déjà s’éloignent dans les prairies sans fin, Nous repassons entre les deux géants, qui virent jadis entrer el sortir tant de rois et de corlèses. Mais nos chevaux, qui déjà n’avaient pas voulu monter les escaliers de Xerxès et de Darius, nalurcllement veulent encore moins les redescendre ; ils se défendent, essayent de s’échapper ; et c’est tout à coup, pourfinir, une belle scène de vie, de lutte et de muscles tendus, au milieu du silence de ces colossales choses mortes, — tandis que se lève un grand vent frais, un vent de soir de mai, qui nous amène, des prairies d’en bas, une suave odeur d’herbes.

Ayant retraversé la longue plaine unie, les foins, les orges, les champs de pavols, nous rentrons au crépuscule dans les ruelles du hameau perdu, et enfin dans notre gite de terre, sans portes ni fenêtres. Un vent vraiment très froid agite les peupliers du dehors et les abricotiers du jardinet sauvage ; le jour meurt dans un admirable ciel bleu vert, où s’efliloquent des petits nuages d’un rose de corail, et on entend des vocalises de bergers qui appellent à fa prière du soir,