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violer les femmes. Ailleurs, partout, ils brisent les portes et, baïonnette au canon, se font remettre l’argent, même celui du pain des pauvres.

» Ce sont encore les inoffensifs citadins qu’on fouille en pleine rue ; les malheureux soldats ottomans auxquels on enlève leurs derniers centimes, leur montre et jusqu’à leurs vêtements. C’est un major turc qu’on dépouille et qu’on soufflette ; un autre officier qu’on veut forcer à embrasser le drapeau hellène ; des prisonniers laissés à la pluie, dans la boue, sans pain et implorant un peu d’eau pour apaiser leur fièvre : « Sou ! Sou ! » (De l’eau ! De l’eau !) et qu’on repousse à coups de crosse. »


Et les officiers français du Bruix étaient là, qui ont vu des soldats serbes et grecs crever les yeux à des prisonniers turcs…

De ces prouesses, nos journaux ont cependant l’air enfin de s’émouvoir. Oui, il eût mieux valu, pour le bon renom des nouveaux Croisés, que tout continuât de se passer en catimini, au fin fond des pro-