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employer l’heureuse expression de certain reporter). Et puis, tout aussitôt, le Consulat de France a été débordé par les justes plaintes de nos compatriotes. On connaît, entre autres aventures, celle de cette Française, madame Simon, coupable d’avoir donné, sur le pas de sa porte, un morceau de pain et un verre d’eau à de pauvres Turcs, et odieusement brutalisée, pour ce fait, par un officier grec qui ne craignit pas d’arracher à ces affamés l’humble aumône. Voici d’ailleurs ce que m’écrit un négociant français de passage à Salonique :


« Guidée par des compatriotes levantins, délateurs infatigables, l’armée grecque pénètre, par bandes d’apaches, d’abord chez les Juifs, — ils sont ici près de quatre-vingt mille, parlant le français, aimant la France, — qu’ils accusent de les empoisonner ! Là, ils font sortir les hommes des maisons, les ligotent, les frappent, les massacrent parfois, puis s’en retournent