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vu forcé de fuir devant l’invasion des « libérateurs » :


« Dans les journaux de France, je lis les continuels dithyrambes en l’honneur des armées balkaniques, principalement de ce peuple bulgare qui, tout entier, se rue vers l’ennemi héréditaire avec, à sa tête, le pope hirsute. Race contre race, la croix orthodoxe — le plus fanatique des emblèmes religieux — la croix contre le croissant, suivant la parole du catholique romain Ferdinand de Cobourg.

» Le spectacle est inoubliable pour qui a vu arriver ces théories sans fin d’hommes taillés comme à coups de serpe dans un bois rugueux, ces lourds soldats coiffés de la casquette moscovite et ce flot, à leur suite, de montagnards couverts de peaux de bêtes, — les hordes d’Attila, — tous, disant avec fierté : « Là où nous sommes passés, l’herbe ne repoussera de cinq années ! »

» Oui, on peut leur dédier des dithyrambes, mais ils en ont déjà inscrit eux-mêmes sur toutes les sentes de la Macédoine, sur les décombres des villages musulmans où ils ont commis les pires horreurs et dont les flammes