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tuant environ dix fois plus d’hommes, cela me paraît un peu la banqueroute de notre civilisation et de notre faux christianisme.

Ne vaudrait-il pas la peine, aussi, — mais, là, je sais bien que l’on m’écoutera moins que jamais, — de préserver ces merveilles d’art que les Turcs ont accumulées en cinq siècles de domination et qui font de Constantinople la ville unique au monde. Qu’on ne me dise pas que les Bulgares y rétabliront la beauté évanouie de Byzance ; non, la laideur du modernisme, c’est tout ce qu’ils y sauront apporter. Quand la silhouette des minarets et des dômes ne se découpera plus sur le ciel, que restera-t-il ? Que restera-t-il quand les profondes mosquées toutes bleues de faïence auront perdu leur mystère, quand il n’y aura plus alentour la reposante magie des cyprès et des tombes ? D’ailleurs, sous la ruée furieuse