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et à Stamboul, où personne ne les inquiéta plus.)


« Ce que vous venez de faire pour notre malheureuse Turquie ressemble au geste de l’homme qui s’assied auprès d’un mourant abandonné et lui prend la main qu’il garde dans la sienne, afin qu’il ne meure pas seul.

» Oh ! écrivez encore ! Que votre cœur vous aide à trouver non seulement les paroles qui touchent, mais celles qui persuadent, celles que se rappelleront malgré eux les hommes appelés à signer l’arrêt. Oh ! dites-les bien haut, toutes les raisons qui imposent la nécessité de l’existence de ce pauvre cher peuple, en réalité si peu connu, existence modeste, soit, mais existence tout de même. Vous qui avez habité mon pays d’adoption, dites toutes les satisfactions qu’a reçues là votre âme dans ses besoins de croyance, de bonté, de probité, de sagesse et de calme. Mais, je vous en supplie, n’en parlez pas encore en pleurant. Ceux qui aiment la Turquie n’ont pas encore le droit de la pleurer comme une morte. Elle ne mourra peut-être pas, ne parlez pas encore de tombe.

» Si l’horrible chose arrive un jour, alors seu-