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« Monsieur,

» Je viens de lire la page si touchante du 9 novembre 1912.

» Je suis une petite Grecque rouméliote de quatorze ans et j’éprouve un très vif sentiment de pitié pour cette pauvre Turquie dans son moment de détresse et d’abandon par toute l’Europe qui fut une fois son amie. On parle toujours de civilisation, mais ces pauvres paysans du fond de l’Asie, que comprennent-ils de cela ? Dans le désert, il y a des bonnes bêtes sauvages qui ne vous font rien tant que vous n’allez pas les agacer dans leur paisible cachette, mais si vous les agacez trop, alors elles deviennent féroces. Quand les Turcs deviennent mauvais, c’est quand ils sont démoralisés au plus haut degré de voir tout le monde contre eux ; pendant des années on ne leur laisse plus la paix. Il n’y a que ceux qui ont vécu là-bas qui les aiment encore.

» Le monde chrétien doit prendre le Turc comme exemple dans ce qui concerne la religion, car c’est lui qui la respecte mieux que nous. Chez nous, chrétiens, il nous est défendu de voler et de tricher ; nous le faisons quand