Page:Loti - Turquie agonisante, 1913.djvu/76

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

impossible d’enlever aux alliés le prix de leurs courageuses batailles, mais il fallait prévoir, et surtout il ne fallait pas promettre. Il fallait prévoir et, pour exiger les justes réformes demandées par les Slaves, il fallait presser avec moins d’insouciance sur ces comités de jeunes fous arrogants, qui viennent de conduire la Turquie à sa perte. Et puis, non, cette aisance, ce cynisme dans le lâchage, quel dégoût ! Pauvres Turcs, volés, trompés, mitraillés, et de plus injuriés si bassement par les masses ignorantes, combien on comprend que la fureur parfois leur monte au cerveau et qu’un voile rouge leur passe sur les yeux !

Je dis : pauvres Turcs ! Mais je dis aussi, et presque du même cœur : pauvres Bulgares ! Pauvres victorieux qui ont laissé par terre plus de quarante mille morts ! Je n’ai point de haine contre ce peuple, bien que j’aie