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Pauvres Turcs, abandonnés et trompés par tous, volés sur leur matériel de marine et volés sur leur matériel de guerre, il leur fallait aussi le coup de pied de l’âne, et certaine presse le leur donne : on les insulte et les raille, alors qu’ils viennent de laisser, sur la terre détrempée de leurs champs, cinquante mille morts si glorieusement tombés pour la cause de l’Islam. Je suis injurié du même coup, bien entendu, et je m’en sens fier ; il est toujours honorable de l’être pour avoir pris la défense et demandé la grâce de vaincus que tout le monde accable. Mon Dieu, je ne fais pas comme les chancelleries européennes, — dont je n’ai malheureusement pas le pouvoir ; — ayant été leur ami de longue date, je le suis plus que jamais dans leur agonie ; c’est le contraire qui serait ignoble. L’honneur d’être injurié pour eux, je le partage, paraît-il,