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secours du Croissant avec cinq cent mille cavaliers… Oh ! non, restez, pauvres gens du désert : vous iriez inutilement à la mort, puisque vous n’avez pas entre les mains les explosifs des hommes vraiment civilisés.

Et, devant cet essor d’héroïsme et de désespoir, pas un seul des peuples chrétiens ne se lèvera pour dire : « Assez ! Pitié !… » Non, au mépris des traités signés, des paroles données et écrites, tous ne s’occupent que de se ruer à la curée. Il en est, comme la France, qui ne veulent pas se souiller les mains dans le dépeçage ; mais, crier grâce d’une voix assez forte pour être entendue, non, personne. Honte ! Honte à l’Europe, honte à son christianisme de pacotille. Et, pour la première fois de ma vie, je crois que je vais dire : honte à la guerre moderne !