Page:Loti - Turquie agonisante, 1913.djvu/52

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui en Europe semblaient les soutenir, abandonnés par la presse qui les insulte, par la diplomatie qui s’était engagée à les défendre, par les Puissances qui jadis se déclaraient leurs amies ! Voici même qu’on les accuse d’être lâches à la guerre ! Cela, c’est plus qu’excessif, car les milliers de morts, Serbes ou Bulgares, qui jonchent les champs de la Thrace, sont là pour témoigner qu’ils savent encore se battre. Mais il est certain qu’on ne reconnaît plus les héros d’autrefois, ceux de Plewna, ceux de la dernière guerre qui faillit anéantir la Grèce, ni même ceux d’hier, en Tripolitaine, qui faisaient tête dix contre mille. Accordons-leur d’abord qu’ils n’étaient pas prêts, qu’ils n’étaient pas commandés, que par l’incurie de leurs chefs ils mouraient de faim. Et puis constatons que cette dégénérescence de leur armée est notre œuvre, à nous, les détraqueurs