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ils massacrent, pendant la guerre atroce qui leur est faite de tous côtés en même temps, que de circonstances atténuantes !

J’en sais beaucoup qui, à leur place et à une telle heure effroyable, seraient pris d’une rage de massacrer aussi. Ils sont des êtres plus primitifs que nous, c’est certain, plus violents quoique meilleurs, doux et débonnaires à l’habitude, mais terribles et voyant rouge quand on vient par trop les exaspérer ; primitifs surtout, ces paysans sortis du fond de l’Anatolie, des confins du désert, que l’on équipe en hâte contre l’armée d’invasion et qui manient de leurs mains rudes nos armes aux précisions infernales. Et combien elle s’explique, leur haine à tous contre les peuples qui portent le nom de chrétiens ; comment ne sentiraient-ils pas que, d’une façon ouverte ou sournoise, ces peuples-là, dans le fond, s’entendent pour