Page:Loti - Turquie agonisante, 1913.djvu/48

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’Europe entière trahit ou abandonne, — et cette affirmation courante sert de préliminaire à des tirades pour vanter l’œuvre libératrice des Alliés, l’ère de paix, de liberté et de concorde fraternelle (?) qui va suivre leur victoire.

Pendant les sinistres journées d’octobre 1912, dans l’oasis de Tripoli, est-ce que l’on n’aurait pas pu crier de même : « Les Italiens massacrent ! » Et ils étaient les envahisseurs sans provocation, ceux-là, ils n’avaient pas l’excuse des Turcs, traqués de toutes parts. Pendant la dernière expédition de Chine, n’ai-je pas vu des villes comme Tong-Tchéou ou Tien-Sin, innocentes absolument de l’acte des Boxers, et qui n’étaient plus qu’un monceau de ruines, où des cadavres d’enfants, de femmes, de vieillards avaient été pilés à coups de crosse, parmi des porcelaines et des laques. On aurait pu